Voyager en Européen « temporaire » au Portugal

Rick Steves a récemment enjoint les voyageurs à laisser tomber la populaire « liste de lieux à visiter » et à plutôt découvrir l’Europe en agissant comme des « Européens temporaires ». Cette façon de faire convient parfaitement au Portugal. En général, les Portugais n’empruntent pas le tramway no 28, ne mangent pas dans des établissements touristiques et ne font pas la file pour voir leurs propres monuments. Dans ce cas, où vont-ils passer les longues fins de semaine, se prélasser sur la page et vivre de merveilleux moments? La réponse à toutes ces questions est dans l’Alentejo.  Cela concorde parfaitement avec ce que Rick Steves voulait dire en invitant les gens à apprendre à connaître, à comprendre et à accepter l’Europe telle qu’elle est. Il s’agit d’essayer d’autres façons d’être pendant un moment, seulement pour voir si elles nous vont. C’est ce que j’appelle être un « caméléon culturel ».

Les Portugais considèrent l’Alentejo comme une région à part en raison du dialecte, de la tradition musicale, des paysages et de l’architecture distincts. Située à seulement une heure de route de Lisbonne, l’Alentejo représente un tiers du continent portugais, s’étendant de la rive sud du fleuve Tage jusqu’aux montagnes de l’Algarve. Les plages de la côte ouest de la région sont sauvages et accidentées.  Malgré sa taille, l’Alentejo a une petite population.  La région bénéficie d’un climat doux en hiver. La poterie et les tapisseries sont les deux principales formes d’artisanat locales. Partout, le paysage porte les traces des cultures qui ont autrefois tenté de conquérir l’ancien Portugal : les Arabes, les Romains et les Carthaginois.

En vérité, les Portugais boivent peu de porto. C’est une bonne boisson, mais elle est vue comme un produit d’exportation. Ils préfèrent le vin rouge, de préférence en compagnie d’amis. En fait, les Portugais consomment en moyenne deux bouteilles de vin par semaine, qu’ils boivent principalement aux repas. La question est donc : quel vin choisir? Le vin coûte beaucoup moins cher au Portugal, et les bouteilles de bonne qualité se vendent dans les marchés et chez les marchands de vin locaux. Toutefois, les Portugais aiment savoir d’où proviennent leurs vins.

L’Alentejo produit près de la moitié des vins portugais. Les étés secs et chauds donnent de robustes vins rouges et des blancs frais provenant des huit sous-régions de l’Alentejo. Visitez les nombreuses exploitations agricoles et explorez! Partez à la découverte de la route des vins de la région et faites des arrêts dans des vignobles comme Quinta do Mouro, Herdade do Freixo, Herdade do Rocim, Cartuxa - Quinta de Valbom et Herdade da Rocha.

Les dégustations d’huile d’olive sont appréciées de nombreux habitants de l’Alentejo. Les oliviers sont cultivés depuis des milliers d’années dans l’Alentejo, et l’huile qui y est produite est de la plus haute qualité. Il est également possible de visiter les oliveraies pour en savoir plus sur le processus de transformation des fruits en huile.

Vous aussi pouvez découvrir l’histoire du petit producteur d’huile d’olive qui cultive une oliveraie ancienne où certains arbres sont vieux de 2 000 ans.

Ici, les nouvelles technologies de cueillette des olives se mêlent à un respect intemporel pour la terre pour produire une huile naturelle et bénéfique. Pour les Portugais, l’huile d’olive est aussi un condiment. Ils en versent sur tout, que ce soit les légumes ou le poisson, ou encore sur les salades ou dans certaines recettes afin d’en rehausser le goût.

Bien que le café portugais ait l’air d’un espresso, il est plutôt l’un de ses descendants. Raffolant notamment des pâtisseries, les Portugais ont le bec très sucré. Qu’est-ce que cela a à voir avec le café, vous demandez-vous? Les torréfacteurs portugais sélectionnent les meilleurs grains d’Afrique, d’Asie et du Brésil avant de les torréfier avec un soupçon de sucre. Ainsi, les grains ne sont ni brûlés ni huileux, mais offrent plutôt un goût riche et légèrement crémeux aux notes de caramel. Le bica est ensuite servi avec un sachet de sucre grand format. Qu’est-ce bica signifie, d’ailleurs? Selon certains, le mot vient de « Beba isso com açúcar » (buvez-le avec du sucre), une phrase affichée au Brasileira Café de Lisbonne au XIXe siècle pour aider les clients à aimer la nouvelle boisson.  Pour commander votre café comme un Portugais, demandez un meia de leite. On vous apportera une boisson mi-café, mi-lait chaud (sans mousse). Vous pouvez aussi essayer un galão au déjeuner. Il s’agit d’une boisson chaude au café et au lait servie dans un verre haut.  Enfin, le café de prédilection des Portugais est le Delta, produit à Campo Maior, dans l’Alentejo.

Aucune file d’attente, des monuments incroyables, des places ouvertes et une vue sur le passé…

C’est dans la ville fortifiée de Beja que s’est déroulée une célèbre histoire d’amour. Mariana, une jeune nonne de 26 ans dont le père était un riche noble, est tombée amoureuse d’un officier français qui l’a abandonnée par la suite.  Les lettres passionnées qu’elle lui a écrites et qui ont été publiées en 1669 ont fait sensation à Paris et ont entraîné un virage littéraire à l’échelle mondiale qui a inspiré plusieurs générations d’artistes, y compris Braque, Modigliani et Elizabeth Barret Browning. 

L’essai « Lettres d’une religieuse portugaise » de Myriam Cyr est le livre idéal à apporter lors d’une promenade en ville, puisqu’il fournit un riche contexte historique qui donne vie aux amoureux et à la fabuleuse histoire du Portugal.  Le L.A. Times avait écrit à l’époque que « l’histoire [était] assez bonne pour qu’une jeune fille choisisse de rester à la maison plutôt que d’aller au cinéma ».  Après l’avoir lu, vous aurez envie de prendre le prochain vol pour le Portugal, le pays le plus romantique d’Europe. Appelée Pax Julia au temps des Romains, Beja surplombe les vastes plaines du sud de l’Alentejo. Des arches romaines archaïques et des signes du passé arabe subsistent sur les murs de la vieille ville.  Le couvent de Conceição où vivait Mariana abrite aujourd’hui le musée régional où l’on peut admirer les somptueux intérieurs au style rococo du XVIe siècle et les boiseries dorées des XVIIe et XVIIIe siècles. La ville comporte un château bâti sur des fondations romaines qui offre une vue imprenable sur les montados du haut de sa tour. 

Située au pied des collines de São Mamede, près de la frontière espagnole, Portalegre a été un lieu de défense vital pendant plusieurs siècles. Les couvents de São Francisco et de Santa Clara, deux bâtisses monumentales, datent de l’époque de la fondation du Portugal. La cité prospère a pris son essor au XVIe siècle lorsqu’elle a obtenu son propre diocèse ainsi qu’une nouvelle cathédrale. Aux XVIIe et XVIIIe siècles, la ville en pleine croissance s’est retrouvée envahie de palais et d’églises baroques. De nombreux palais raffinés continuent d’arborer les armoiries du noble qui y vivait.

Portalegre est réputée pour ses délicates tapisseries, qui à ce jour sont encore confectionnées par la Manufactura de Tapeçarias de Portalegre et affichées au musée Tapeçaria de Portalegre Guy Fino, qui célèbre les activités de tissage de la ville. Non loin de là se trouve la maison-musée José Régio, où demeurait le poète chouchou de la ville. 

Au cœur de la vallée fertile du Tage se trouve Santarém, une ville reconnue pour son vaste patrimoine architectural et sa bonne chère. Le premier festival culinaire national s’est tenu ici en 1981. Depuis, Santarém reçoit chaque automne les meilleurs restaurants du Portugal, qui servent les spécialités traditionnelles de leur région. Aller au festival, c’est voyager aux quatre coins du Portugal tout en restant au même endroit. L’une des meilleures façons de découvrir Santarém consiste à assister aux événements qui servent à mettre en lumière les meilleurs attraits de la région. En juin a lieu la foire agricole nationale, où des produits et des instruments agricoles sont exposés et qui comprend un marché de bétail. Le festival national de la gastronomie, qui est la principale foire culinaire du Portugal, a lieu en octobre. Ces événements sont accompagnés d’expositions d’artisanat et de folklore de partout au pays. 

Située au-dessus des plaines, la ville de Santarém a conservé ses murailles. Elle est la principale vitrine du style gothique au Portugal. C’est une ville où il fait bon flâner dans ses places, ses parcs pour y admirer les vues panoramiques. Santarém s’appelait Scalabis à l’époque romaine. À partir du VIIIe siècle, les Arabes ont renforcé les défenses de la ville, qu’ils avaient renommée Chanterein. En 1147, le roi Dom Afonso Henriques s’est emparé de la ville. 

Plus tard, Santarém est devenue l’une des cités de prédilection des rois portugais. Au Moyen-Âge, le commerce a permis à la ville de connaître un développement économique, comme en témoignent de nombreux grands monuments et bâtiments. Santarém constituait à la fois une résidence royale et la capitale du royaume du Portugal (1325-1357) et, jusqu’au XVe siècle, elle était souvent le lieu de rassemblement du parlement portugais, les Cortes.

De Sines, sur la côte de l’Alentejo, à Sagres, les gens de la région savent quelles sont les meilleures plages de la côte vicentine où aller se détendre et échapper aux foules. Les plages de la côte vicentine qui se trouvent dans la région font partie du Parque Natural do Sudoeste Alentejano e Costa Vicentina.  Parsemée d’immenses plages sauvages, la côte vicentine est unique en son genre, comme le révèlent les dunes, les falaises et le vaste ciel qui façonnent le paysage. On y trouve des plages sablonneuses peu fréquentées sur lesquelles viennent mourir des vagues parfaites pour le surf et où l’on peut explorer des bassins naturels. Les Portugais s’y rendent pour profiter du bord de mer désert. Les superbes plages sont entourées de hautes falaises et jouissent d’un climat doux influencé par l’air marin sur cette côte parmi les mieux préservées d’Europe et ponctuée de petits villages, de restaurants locaux et d’un petit nombre d’anciens forts.

Côté culinaire, le Portugal ne se résume pas aux natas et au poulet grillé. En fait, la nourriture portugaise est très régionale et préparée à partir d’aliments frais et locaux. Pour manger comme un Portugais, vous devez opter pour le plat du jour, qui met en vedette les produits de saison, et éviter les endroits fréquentés par les touristes. Par exemple, dans l’Alentejo, les principaux ingrédients utilisés dans les recettes poussent à proximité des forêts de chênes-lièges et des cours d’eau, sont cultivés dans les jardins et les champs avant d’être récoltés, ou sont préparés au moyen de techniques traditionnelles. Choisissez des assiettes qui contiennent de la coriandre, de la menthe, de l’huile d’olive, de l’ail et du laurier. Les Portugais aiment bien commencer leur repas par une bonne soupe, suivi du plat principal, du plat du jour, d’un dessert local et d’un café. Des olives, du pain, du fromage et de la saucisse viennent s’ajouter à tout cela. Attablez-vous pendant près de deux heures pour savourer votre repas en bonne compagnie, et vous mangerez réellement comme un Portugais!