Les Romains ont occupé le Portugal pendant plus de 700 ans, plus précisément du 3e siècle av. J.-C. au 4e siècle de notre ère. Pendant cette période, ils ont bâti des villes, mis en place un gouvernement civil, exploité la terre et relié les colonies par un réseau de routes.
L’Empire romain a laissé des traces qui perdurent : la production de vin, l’utilisation d’aqueducs (Évora, Elvas) et la langue latine parlée au Portugal. Il est même dit que le calçada, la chaussée caractéristique du pays, puise son origine dans les mosaïques romaines. Vous trouverez ci-dessous les meilleurs endroits où trouver des vestiges de la longue occupation romaine en Alentejo.
UN TEMPLE ROMAIN À ÉVORA
Le plus important monument romain de l’Alentejo, le Templo Romano, compte 14 colonnes de marbre dressées sur une base élevée au centre de la ville fortifiée d’Évora. Vous en entendrez parler sous le nom de Temple de Diane, une appellation qui date du 17e siècle. On ne sait pas en l’honneur de qui il a été construit, un mystère qui appartient au 1er siècle.
Ce temple est le bâtiment romain le mieux préservé du Portugal. Sa conservation est largement due à son utilisation peu reluisante comme abattoir au Moyen-Âge. Les murs érigés autour ont fait en sorte que les colonnes sont demeurées en place au fil des siècles. Classé au patrimoine mondial de l’UNESCO, ce monument étonnant, d’autant plus spectaculaire lorsqu’il est éclairé à la tombée du jour, constitue la principale attraction touristique d’Évora.
LA VILLE ROMAINE DE MIRÓBRIGA
Près de Santiago do Cacem, s’est implantée Mirobriga Celticorum, une ville prospère du 1er au 4e siècle, comme laissent deviner les nombreuses ruines qui s’y trouvent aujourd’hui. Au cœur de la ville se trouvent le forum, reconnaissable par les ruines des bâtiments publics et des commerces, ainsi que le temple impérial, le temple de Vénus et un troisième temple destiné au culte d’une divinité locale inconnue. Un peu plus loin se dresse le dernier hippodrome encore debout du Portugal, dont le plan de terrain est intact et permet de savoir qu’il mesurait plus de 365 mètres sur 75 mètres (1200 sur 250 pieds). Il semble que les courses de chariot et de chevaux y aient diverti les foules.
Suivez une route pavée de pierres construite il y a 2000 ans, dont vous ne pourrez vous empêcher d’admirer la surface, puis traversez un pont en arc (un autre type de construction dans lequel les Romains excellaient) pour vous rendre jusqu’aux deux bains publics. Parmi les mieux préservés du Portugal, chacun des thermes comportait un gymnase, un vestiaire, un frigidarium (bain froid), un tépidarium (bain tiède) et un caldarium (bain chaud). Le complexe était chauffé par un hypocauste souterrain recouvert de tuiles.
SÃO CUCUFATE : UNE VILLA ROMAINE À LA CAMPAGNE
Les ruines de la villa romaine de São Cucufate, au nord de Beja, à Vila de Frades, impressionne. Contrairement à de nombreux sites romains, la majeure partie de la structure externe de ce vaste relais de campagne est encore debout. Petite villa édifiée au 1er siècle autour d’un péristyle, dans le style traditionnel romain, São Cucufate a été considérablement agrandie aux 3e et 4e siècles.
Ces rénovations ont modifié l’architecture pour créer une longue façade aux multiples cours intérieures. Les hauts murs, les galeries voûtées et les grandes dimensions évoquent le faste caractéristique de la période du déclin de l’empire. Au milieu du 5e siècle, la villa a toutefois été abandonnée. Plusieurs artéfacts ont été retrouvés dans les excavations, notamment une statue de bronze à l’effigie d’un empereur vêtu d’une toge.
LA VILLA ROMAINE DE PISÕES
Tout comme São Cucufate, la villa de Pisões remonte au 1er siècle et a été occupée jusqu’au 4e. Ferme agricole, Pisões aurait été un important fournisseur du marché de Beja (Pax Julia pendant la période romaine), situé à environ 6 km (4 milles) à l’est. Découverte en 1967 lors de travaux agricoles, la villa abritait plus de 40 pièces, dont la plus importante était pavée de magnifiques mosaïques aux motifs naturels et aux formes géométriques complexes.
Les visiteurs peuvent également admirer l’un des meilleurs spécimens en territoire portugais de salle de bain privée dont les compartiments, soutenus par un système complexe de voûtes en briques (hypocauste), sont dans un état de conservation remarquable. Autres parties du bain romain qu’on peut voir, citons le vestiaire, le caldarium, le tépidarium, le frigidarium et le laconicum (sauna). Ces installations encadrent un péristyle orné de colonnes ainsi qu’une piscine. Les restes de bâtiments agricoles et d’une vinerie ont également été découverts, tandis que, non loin de là, un barrage de pierres et de briques servait de réservoir d’eau pour les bains, la piscine et les activités agricoles.
LA VILLE ROMAINE D’AMMAIA
Fondée au 1er siècle, la ville d’Ammaia a été reconstruite au 4e siècle avant de connaître le déclin lorsque les habitants ont migré vers la forteresse imprenable de Marvão qui domine une colline non loin. Les fouilles archéologiques ont débuté seulement dans les années 1990, de sorte qu’un grand nombre des structures de pierre avaient déjà été retirées pour être réutilisées dans les églises des villes avoisinantes.
Les fouilles archéologiques, de moindre envergure qu’à Miróbriga, ont mis au jour des parties des murs, les portes d’Ammaia, l’immense place pavée, le forum et des routes, nous laissant ainsi imaginer la disposition de la ville. Un petit musée expose les ruines d’une maison, des parties d’un therme et d’autres trouvailles faites au cours des fouilles archéologiques. Parmi les touristes qui visitent les attractions de Marvão, peu ont conscience qu’une ville romaine se cache sous leurs pieds.
LE PASSÉ ROMAIN DE MERTOLA
À l’époque de l’occupation romaine de l’Alentejo, la ville de Mertola, située au bord d’un fleuve, était dotée d’un port important qui la reliait aux ports commerciaux de la partie orientale de la Méditerranée. Le château comporte des vestiges du forum romain. Lors de travaux de rénovation des bureaux municipaux, et les ruines d’une maison romaine ont été excavées. Ces sites ont mené à l’ouverture d’un musée exposant les artéfacts qui y ont été trouvés et expliquant leurs usages dans un foyer romain.
Outre la maison romaine, une vaste nécropole datant de la période romaine a été découverte. Une passerelle métallique permet aux visiteurs de voir le cimetière où les tombes étaient creusées dans la pierre. Au 16e siècle, un petit ermitage a été construit au-dessus de la nécropole. Il a été converti en musée exposant les artéfacts trouvés sur le site.
* Barbara Radcliffe Rogers est coautrice de quatre livres sur le Portugal et la rédactrice de la chronique « Luxury Travel » de BellaOnline. Elle couvre l’Europe pour PlanetWarecom.