Aller au contenu
Blog

Estremoz, une ville sympa et décontractée.. C'est bon à savoir!

Estremoz, une ville sympa et décontractée.. C'est bon à savoir!
La plupart des personnes qui visitent le Portugal et font un saut dans l’Alentejo (ce que tout le monde devrait faire!) se rendent à l’un des deux endroits suivants : la capitale régionale d’Évora (pour y admirer les ruines antiques d’un temple romain magnifiquement préservé et la chapelle entièrement recouverte d’ossements humains disposés en motifs) ou la côte escarpée de Vicentina, avec ses plages spectaculaires et ses vagues propices au surf. Mais peu se hasardent plus à l’est, à Estremoz. 

C’est dommage, car cette ville vaut vraiment le détour. D’innombrables traditions sont enracinées dans cette « ville blanche » de l’Alentejo. L’une d’elles est le gigantesque marché qui envahit la place centrale (la place Rossio) tous les samedis. Les gens de toute la région y achètent des fruits et des légumes produits par les agriculteurs locaux. On y trouve aussi des saucisses et des fromages et bien d’autres délicieux produits fabriqués par de petits producteurs.  Le marché abrite aussi une brocante et une section réservée à l’artisanat. C’est l’endroit idéal pour dénicher des céramiques typiques de l’Alentejo en terre cuite, des bijoux, des souvenirs rétro et de magnifiques récipients en verre soufflé (du moins c’était le cas lors de ma visite).


 


Dignes de mention, les réputées figurines en argile d’Estremoz sont inscrites sur la liste du patrimoine culturel immatériel de l’humanité de l’UNESCO. La production des « bonecas » (figurines) d’Estremoz remonte au 17e siècle. Elles servaient à représenter des thèmes chrétiens. Ces figurines ne sont plus strictement des symboles religieux. De nos jours, on en trouve de tout type arborant des couleurs vives. 

Et bien sûr, Estremoz est toujours fière d’être un centre de production de marbre. À l’est de la ville se trouvent des carrières qui produisent une grande partie du marbre que le Portugal utilise et exporte. Les trottoirs de la « ville blanche » sont faits en partie avec des débris de marbre provenant de ces carrières. Voilà qui ajoute de l’éclat et une touche de luxe là où on ne s’y attend pas. 

À Estremoz, la blancheur du marbre explique le surnom donné à cette ville. Outre le marbre qui abonde, la ville se démarque par un nouveau musée du design qui met à l’honneur les « azulejos », ces carreaux de faïence qui constituent un véritable trésor du patrimoine portugais. Cette sympathique ville compte de nouveaux établissements vinicoles et hôtels d’un nouveau style qui méritent une visite. 

Commençons par le Musée Berardo Estremoz, ouvert depuis 2020, qui demeure largement méconnu par le peuple portugais. Les autorités municipales se sont concertées avec l’un des collectionneurs privés les plus infatigables du Portugal pour concrétiser ce projet muséal aménagé dans le palais historique Tocha au cœur de la ville. Les murs intérieurs du palais sont ornés de magnifiques azulejos de style baroque tardif et rococo (illustrant des scènes où des gens se font des mamours ou folâtrent). L’exposition inaugurale, intitulée « 800 ans d’histoire des azulejos », présente la plus grande collection privée de carreaux de faïence du Portugal. 

L’exposition s’ouvre sur les premiers carreaux de forme géométrique, en vogue dans le monde islamique, introduits au Portugal à l’époque mauresque. Puis, les galeries se succèdent, dévoilant l’évolution des carreaux. Initialement, ils représentaient des motifs figuratifs (les feuilles de vigne y figuraient souvent) en plusieurs couleurs. Puis, ils ont arboré uniquement le bleu et le blanc (peut-être en raison de la rivalité historique du Portugal avec les Pays-Bas, cette autre grande nation de navigateurs). L’exposition se conclut par une publicité du milieu du 20e siècle, une forme de marketing que j’aurais aimé voir perdurer. 

À quelques pas du musée, l’on trouve une destination gourmande: Mercearia Gadanha. C’est à la fois une boutique de produits gastronomiques et de vins régionaux et un restaurant. Pour le moins surprenant, ce restaurant s’écarte de la gastronomie traditionnelle de l’Alentejo, avec ses plats copieux et ses généreuses portions. La chef Michele Marques et son équipe proposent à la clientèle une cuisine réinventée, créative qui met à l’honneur les ingrédients locaux. 

Sur le menu figurait une « soupe fantastique » qui n’était nul autre qu’un gaspacho à la tomate et aux fraises servi avec de délicieuses petites crevettes et un granité au basilic. Le tartare de thon, onctueux, était égayé par des radis et des fines herbes fraîches. Enfin, une assiette de fromage de chèvre local, de noix et de miel servait de trait d’union entre le plat principal et le dessert. 


 

De nouveaux établissements vinicoles dignes de mention ont vu le jour dans les environs d’Estremoz. Howard’s Folly est né du partenariat novateur de l’entrepreneur Howard Bilton avec le viniculteur David Baverstock. Leur objectif? Produire un excellent vin à partir de cépages portugais et parrainer une organisation caritative axée sur les arts. 

Il y a quelques années, ce duo a ouvert un établissement vinicole ultramoderne en plein cœur de la ville. Ils utilisent des raisins achetés dans les vignobles locaux. Les visiteurs peuvent déguster des vins dans un bar élégant ou déguster un bon repas dans le restaurant.

Autre nouveauté à Estremoz, le Torre de Palma Wine Hotel est le premier hôtel cinq étoiles de la région aménagé par un couple en 2014 dans un ancien château. Les propriétaires y produisent en petits lots des vins primés, sous la direction de Duarte de Deus, depuis 2016. Il existe de nombreuses façons de plonger dans l’univers des vins. Outre les dégustations traditionnelles, l’on peut déguster à l’aveugle, à la barrique, assister à un atelier d’assemblage (l’art de composer un vin à partir de différents cépages ou différentes cuvées) ou encore participer aux vendanges. 

Situé dans la tour d’un ancien château datant de 1338, l’hôtel est décoré avec un mobilier contemporain, haut en couleur. Il abrite de nombreuses antiquités ayant appartenu à un membre de la famille des propriétaires (plus précisément une mère, née près d’Estremoz, mais qui a vécu dans une autre région du Portugal la majeure partie de sa vie). Les meubles ont été repeints en blanc pour rajeunir le style. L’on ne saurait s’ennuyer, car les activités ne manquent pas. L’on peut se balader à cheval autour du domaine ou de la magnifique campagne de l’Alentejo, se prélasser au spa en choisissant l’un des traitements proposés ou encore dîner au restaurant. Le chef Miguel Laffan, qui a déjà décroché une étoile Michelin dans un autre restaurant de l’Alentejo, propose ses services comme consultant. Fidèle à Estremoz, son menu revisite les classiques de l’Alentejo, comme les croquettes d’agneau et le porc de l’Alentejo mijoté avec une purée de pommes de terre, en leur apportant une touche contemporaine. 


 


Un autre endroit extraordinaire à visiter où l’on peut séjourner est le Dá Liçensa, non loin de la ville. L’hôtel est l’aboutissement d’un projet porté par un tandem de passionnés, un couple mi-français, mi-portugais, qui souhaitait conjuguer art et nature, traditions et modernisme, simplicité et luxe. Ce tandem a collaboré avec le cabinet d’architecture Procale d’Estremoz pour construire l’hôtel sur les vestiges de bâtiments datant des années 1840, en intégrant quelques éléments d’époque et d’autres, nouveaux, de style carrément géométrique. 

Les deux propriétaires possèdent un solide bagage artistique et une grande connaissance du design et de la mode. Lorsque l’un d’eux a vendu sa célèbre galerie parisienne, il a emporté sa collection de meubles issus du mouvement Jugendstil (branche allemande de l’Art nouveau) et du design anthroposophique (dérivé de la philosophie de Rudolf Steiner du 20e siècle). 

Disons que le style du mobilier, à l’instar de l’hôtel, répond à une esthétique qui mélange lignes épurées et géométriques tout en conservant un côté monastique. L’hôtel combine modernité et tradition intemporelle, à l’image d’Estremoz.

* Aventurière dans l’âme, Ann Abel est une rédactrice pigiste spécialisée dans les voyages de luxe. Elle a piloté de petits avions et survolé trois continents et, fait inusité, elle a été mordue par une massothérapeute. Ancienne rédactrice en chef de magazines de voyage, elle collabore à présent régulièrement avec Forbes.com.

Image 827